Le château de Chantilly est un magnifique château situé à Chantilly, dans l’Oise, en France. Il est célèbre pour sa beauté architecturale, son immense domaine, ses jardins somptueux et ses collections d’art remarquables.

Le château a une histoire riche qui remonte au Moyen Âge. Il a été reconstruit au cours des siècles et a subi plusieurs modifications, notamment sous les propriétaires successifs de la famille de Montmorency, puis des Bourbon-Condé.

Le domaine de Chantilly comprend non seulement le château lui-même, mais également le Grand Stables, l’un des plus grands complexes d’écuries au monde, abritant le Musée du Cheval, et de vastes jardins conçus par Le Nôtre, le paysagiste renommé à l’origine des jardins de Versailles.

À l’intérieur du château, les visiteurs peuvent admirer une collection exceptionnelle de peintures, de dessins, de livres anciens, de meubles et d’objets d’art. La bibliothèque de Chantilly possède une collection impressionnante de manuscrits et de livres rares.

Le château a également été le témoin de moments historiques importants et a été le lieu de rassemblement de personnalités politiques, artistiques et intellectuelles à travers les siècles.

En plus de son histoire et de ses collections, le château de Chantilly est un lieu culturel dynamique accueillant régulièrement des expositions temporaires, des événements artistiques, des concerts et des manifestations équestres qui attirent un grand nombre de visiteurs chaque année.

A qui appartenait le domaine de Chantilly ?

Le château de Chantilly a été associé à plusieurs propriétaires notables au fil des siècles, mais il était particulièrement lié à la famille des Bourbon-Condé. Plusieurs membres de cette famille noble française ont vécu au château de Chantilly.

Le plus célèbre d’entre eux était Louis II de Bourbon, prince de Condé, également connu sous le nom de Grand Condé. Il était un général renommé et une figure importante de l’histoire de France au XVIIe siècle, pendant la période de Louis XIV. Grand Condé a fait agrandir et embellir le château de Chantilly, transformant le domaine en un lieu magnifique.

Plus tard, d’autres membres de la famille des Bourbon-Condé ont également résidé à Chantilly et ont contribué à l’histoire et à l’expansion du château, en enrichissant notamment les collections d’art et en poursuivant les travaux d’aménagement du domaine.

C’est grâce à ces membres de la famille Bourbon-Condé que le château de Chantilly a connu une période faste, devenant un centre culturel et artistique important de l’époque. Leur passion pour l’art, la littérature et l’architecture a contribué à la renommée et à la beauté du château.

Quels sont les origines du château de Chantilly ?

Il semble que les origines du château remontent au XIe siècle, sous la propriété de Guy de Senlis, bouteiller du roi Louis VI. Initialement, Chantilly était une forteresse médiévale avec sept tours et entourée de douves, construite pour contrôler la route de Paris à Senlis.

Après avoir été pillée en 1358 par les Jacques, la forteresse est vendue en 1386 à Pierre d’Orgemont, ancien chancelier de Charles V. Ce dernier entreprend la reconstruction du château en 1386, achevée en 1394 par son fils Amaury. La famille d’Orgemont détient la propriété pendant trois générations, du XIVe au XVe siècle.

En 1484, Pierre III d’Orgemont, n’ayant pas d’enfants, lègue Chantilly à son neveu Guillaume de Montmorency (†1531). Cette transition marque un changement de propriétaire et le début d’une nouvelle période dans l’histoire du château.

Qui est la famille des Montmorency ?

La prestigieuse famille de Montmorency possède Chantilly du XVe au XVIIe siècle et entreprend d’importants travaux de modernisation sur le domaine. Le plus éminent représentant de cette lignée, le connétable Anne de Montmorency (1493-1567), supervise la rénovation du château par Pierre Chambiges en 1528. En 1551, il fait ériger la Capitainerie, ou Petit Château, au pied de l’ancienne forteresse, confiant cette tâche à l’architecte Jean Bullant, déjà connu pour son travail au château d’Écouen. Anne de Montmorency commande également l’aménagement de la terrasse en 1538, où trône actuellement sa statue équestre, et la construction de sept chapelles, dont deux sont préservées à l’intérieur du parc. Il est aussi à l’origine des premiers tracés des jardins.

Henri Ier de Montmorency fait édifier « La Chaumière » (Maison de Sylvie) dans la partie haute du parc, un petit pavillon qui existe toujours, bien qu’ayant été modifié. Ce pavillon était destiné à accueillir Henri IV et a été le refuge du poète Théophile de Viau, condamné au bûcher. Marie des Ursins, surnommée Silvie (Sylvie) par le poète, lui offre refuge, d’où le nom du parc et de la maison. Le poète y passe ses derniers mois de vie († 1626) sous la protection du maréchal Henri II de Montmorency.

Se rebellant contre l’autorité royale, Henri II de Montmorency est exécuté à Toulouse en 1632. Sa veuve, Marie des Ursins, se retire alors dans un couvent, et leurs biens sont confisqués par Louis XIII. Ce dernier restitue la majeure partie des biens aux sœurs du maréchal mais garde Chantilly, étant particulièrement intéressé par ses aspects de chasse.

En 1643, Anne d’Autriche restitue le domaine, par lettres patentes, à la dernière des sœurs d’Henri II de Montmorency, Charlotte de Montmorency, épouse d’Henri II de Bourbon-Condé. Ce transfert intervient alors que le fils de Charlotte, Louis II de Bourbon-Condé, vient de remporter la bataille de Rocroi. Ainsi, Chantilly passe aux mains de la maison de Condé, une branche secondaire de la maison de Bourbon.

Qu’est ce que le domaine de condé ?

Entre le 17e et le 19e siècle, l’histoire de Chantilly est étroitement liée à celle des Condé, dont cette propriété constitue la principale possession.

Louis II de Bourbon-Condé (1621-1686), connu sous le nom de « Grand Condé », ayant pris parti contre Mazarin pendant la Fronde, se voit confisquer Chantilly en 1652 et ne le récupère qu’en 1659 (suite à la Paix des Pyrénées). En 1664, « Monsieur Le Prince », comme on le surnomme, s’installe définitivement à Chantilly.

Éloigné de Versailles, il se dédie entièrement à son domaine ; il confie la conception du parc à André Le Nôtre, alors qu’il n’avait pas encore travaillé à Versailles. Le Nôtre canalise la Nonette pour créer « Le Grand Canal » (1671-1673), dessine les jardins à la française au nord du château, fait ériger « Le Grand Degré » par Daniel Gittard, et met en place la perspective actuelle allant de la grille d’honneur à la terrasse.

Le Grand Condé reçoit à Chantilly des écrivains tels que :

• La Fontaine
• La Bruyère
• Bossuet
• Madame de La Fayette
• et Madame de Sévigné

En leur hommage, les deux allées parallèles encadrant les jardins de Le Nôtre sont nommées les allées des Philosophes. Mlle de Scudéry, l’auteure de Clélie, surprend Condé arrosant des œillets, sa fleur favorite, et lui adresse ces vers :

« En voyant ces œillets qu’un illustre guerrier Arrose d’une main qui gagna des batailles, Souviens-toi qu’Apollon a bâti des murailles, Et ne t’étonne pas que Mars soit jardinier. »

La Bruyère trouve à Chantilly plus d’un sujet pour ses Caractères, tandis que le philosophe Nicolas Malebranche y croise Bossuet, qui doit prononcer l’oraison funèbre de son hôte. Chantilly est le théâtre de somptueuses fêtes. Molière y présente Les Précieuses ridicules en 1659 et joue Tartuffe.

Sous la supervision du célèbre maître d’hôtel François Vatel, la cuisine y est raffinée. En avril 1671, le Grand Condé réconcilie Louis XIV en le recevant à Chantilly ; selon Mme de Sévigné, c’est lors de cette occasion que Vatel se serait suicidé, déçu de ne pas recevoir la livraison de poissons prévue (l’authenticité de cette anecdote est souvent remise en question).

Condé dépense sa grande fortune pour acquérir des tableaux, des objets d’art et des meubles précieux, ainsi que pour enrichir les collections de manuscrits et de livres rares, dont les premiers fonds ont été constitués par le connétable de Montmorency.

Bibliothèque du château de Chantilly

Le château de Chantilly abrite les collections de livres et les archives accumulées depuis l’époque médiévale par les seigneurs de Chantilly, comme les ducs de Montmorency et les princes de Bourbon-Condé.

En 1886, Henri d’Orléans (1822-1897), connu sous le titre de duc d’Aumale et dernier héritier du château, décide de léguer le domaine de Chantilly ainsi que toutes ses richesses à l’Institut de France.

Reconnu comme un grand passionné de livres de son époque, le duc d’Aumale acquiert les Très Riches Heures du duc de Berry en 1856. Le magnifique Cabinet des livres qu’il fait construire est désormais ouvert aux chercheurs et à tous les visiteurs du Musée Condé.

Le Château de Chantilly renferme l’une des bibliothèques les plus riches de France : le Cabinet des livres, conçu par l’architecte Honoré Daumet à la fin du XIXe siècle, est un lieu prestigieux abritant les manuscrits des princes de Condé et les précieux ouvrages collectionnés par le duc d’Aumale. Des hommages sont rendus dans cet espace, avec notamment le buste du Grand Condé captant l’attention au-dessus de la cheminée, tandis que les armoiries de ses compagnons d’armes décorent le plafond.

Inspiré par le luxe confortable des bibliothèques anglaises de l’époque, le Cabinet des livres est influencé par l’exil prolongé du duc d’Aumale en Angleterre. En 1859, il avait fait aménager une grande bibliothèque à Orleans House (Twickenham) par Felix Duban, dont les principes ont été repris en 1875 par Daumet.

Malgré son évocation des cabinets des érudits du XVIe ou XVIIe siècle, le Cabinet des Livres représente une bibliothèque moderne intégrée de manière remarquable à la structure ancienne du Petit Château, érigé à la Renaissance. Sa structure métallique à deux niveaux reflète l’architecture des bibliothèques de la seconde moitié du XIXe siècle.

Pour préserver l’esthétique des livres, qui constituent l’essentiel de la décoration, la porte d’entrée est ornée de faux livres. L’escalier menant à la coursive est soigneusement dissimulé dans l’arrière-bibliothèque. Les étagères en fer sont enveloppées de cuir pour protéger les reliures. L’éclairage, autrefois au gaz, ainsi que les pupitres encastrés dans le mobilier, les fauteuils équipés de lutrins ou de tablettes, tout est conçu pour offrir un confort optimal lors de la lecture et assurer la sécurité des collections.

Un hommage est rendu à Louis II de Bourbon-Condé, vainqueur de Rocroi en 1643 et figure marquante de Chantilly, à travers le buste du Grand Condé qui trône au-dessus de la cheminée, et les armoiries de ses compagnons d’armes qui ornent le plafond. Le duc d’Aumale vouait une admiration particulière au Grand Condé, auquel il a consacré une étude historique importante, guidant ainsi une grande partie de ses acquisitions, telles que les 4000 mazarinades de la collection Monmerqué en 1851.

Le Cabinet des livres était l’une des pièces favorites du duc d’Aumale, comme le représente un tableau de Gabriel Ferrier montrant le duc travaillant activement sur le catalogue de ses manuscrits, accompagné de son ami et ancien précepteur, Cuvillier-Fleury, qui l’aidait dans ses acquisitions littéraires.

Ce luxueux Cabinet des livres, empreint de nostalgie, a souvent été pris pour modèle, inspirant par exemple Richard Morris Hunt pour la bibliothèque Vanderbilt à Biltmore House en Caroline du Nord.

Aujourd’hui, le Cabinet des livres est utilisé comme une salle d’exposition pour les trésors bibliophiliques du duc d’Aumale, accueillant trois à quatre expositions par an.

Chapelle des coeurs de condé

La Chapelle des Cœurs de Condé est un exemple de l’architecture religieuse et funéraire de l’époque, reflétant les croyances, l’art et les pratiques culturelles de la noblesse française. Elle contient des œuvres d’art, des sculptures et des inscriptions dédiées à la mémoire des princes de Condé. Leur choix d’une telle sépulture souligne leur piété, leur statut social et leur désir de maintenir une présence dans leur domaine de Chantilly, même après leur mort.

Le Château de Chantilly et ses dépendances, y compris la Chapelle des Cœurs de Condé, sont gérés par la Fondation pour la Sauvegarde et le Développement du Domaine de Chantilly, créée par Henri d’Orléans, duc d’Aumale, qui a légué le château et ses collections à l’Institut de France à sa mort en 1897. Aujourd’hui, le château est ouvert au public, offrant à ses visiteurs la possibilité de découvrir un pan important de l’histoire et de la culture française.

Anti-chambre de la grande singerie

Le terme « singerie » désigne une scène décorative où des singes sont représentés en train d’imiter des activités humaines, un thème populaire dans l’art décoratif européen du XVIIIe siècle. Ces scènes étaient souvent utilisées pour décorer des pièces de réception ou des salons et étaient appréciées pour leur aspect humoristique et satirique.

Les singes et les magots (figurines chinoises) engagés dans diverses activités humaines, notamment habillés à la mode de l’époque, jouent de la musique, chassent, et se livrent à d’autres passe-temps aristocratiques. Ces peintures sont un exemple exceptionnel de singerie, et elles sont considérées comme parmi les meilleures de leur genre en France.

Cette décoration a été réalisée par Christophe Huet, un peintre et dessinateur français du XVIIIe siècle, qui est également responsable d’autres œuvres de singerie dans le château. Huet était renommé pour sa capacité à mêler réalisme et fantaisie, créant des scènes à la fois délicates et pleines d’humour.

L’Anti-chambre de la Grande Singerie et la Grande Singerie elle-même sont donc des exemples du goût pour l’exotisme et la fantaisie qui prévalait à la cour de France au XVIIIe siècle, reflétant l’intérêt croissant pour les cultures non européennes et le désir d’intégrer des éléments « exotiques » dans l’art et la décoration. Ces pièces témoignent de la richesse artistique et de la créativité qui caractérisaient la période rococo, ainsi que de la fascination pour la nature, les animaux et les cultures étrangères.

Vase de Bronze

Salon de musique et sa harpe

Le Château de Chantilly, avec son histoire riche et ses collections d’art exceptionnelles, comprend de nombreuses salles et pièces qui reflètent le goût et les intérêts de ses anciens résidents, notamment les princes de Condé et le duc d’Aumale. Parmi ces espaces, la salle de musique occupe une place particulière en tant que lieu dédié à l’art musical, témoignant de l’importance de la musique dans la vie culturelle et sociale de la noblesse française.

La musique jouait un rôle central dans l’agrément et les divertissements à l’époque des princes de Condé et du duc d’Aumale, et il n’est pas surprenant qu’il y ait eu des espaces dédiés à cette forme d’art au Château de Chantilly. Les salles de musique étaient courantes dans les grandes demeures de l’époque, servant à la fois pour les répétitions et les performances devant un public restreint. Les instruments comme les harpes, les clavecins, et les pianofortes étaient souvent des pièces centrales, à la fois pour leur valeur musicale et leur beauté en tant qu’objets d’art.

Collection de vase en porcelaine

La collection de porcelaines du Château de Chantilly est l’une des plus importantes et des plus prestigieuses au monde. Cette collection est un témoignage de l’histoire riche et complexe de la manufacture de porcelaine qui a été active à Chantilly au XVIIIe siècle, sous le patronage de Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé.

La manufacture de Chantilly a été fondée dans les années 1720 et est reconnue pour avoir été l’une des premières en France à produire de la porcelaine tendre, une alternative européenne à la porcelaine chinoise très prisée à l’époque. La porcelaine de Chantilly est particulièrement connue pour sa décoration « à la chinoise », inspirée des motifs asiatiques qui étaient populaires parmi l’aristocratie européenne du XVIIIe siècle. Ces motifs comprenaient souvent des scènes de la vie quotidienne en Asie, des paysages exotiques, des fleurs et des animaux, réalisés avec une grande finesse et une attention particulière aux détails.

La collection du château met en évidence la diversité des formes et des décors produits par la manufacture, incluant des vases, des services de table, des objets décoratifs et des pièces de forme. L’une des caractéristiques uniques de la porcelaine de Chantilly est l’utilisation du « bleu de Chantilly », un bleu doux et distinctif qui a été largement utilisé dans leur palette de couleurs.

La porcelaine de Chantilly a été très appréciée non seulement en France mais aussi à travers l’Europe, rivalisant avec d’autres manufactures célèbres comme celles de Meissen et de Sèvres. La qualité artistique et l’excellence technique de ces pièces reflètent le haut niveau de savoir-faire atteint par les artisans de l’époque.

Le Château de Chantilly, grâce à la Fondation pour la Sauvegarde et le Développement du Domaine de Chantilly, continue de préserver et d’exposer cette collection unique, permettant aux visiteurs de découvrir la beauté et l’histoire de la porcelaine de Chantilly. Cette collection est non seulement un témoignage de l’histoire de l’art et de la culture matérielle en France mais représente également un important héritage de l’histoire de la porcelaine en Europe.