Située au cœur du Bourbonnais, dans la charmante commune de Saint-Menoux, l’église romane de Saint-Menoux est un véritable trésor du patrimoine architectural de l’Auvergne-Rhône-Alpes. Faisant partie d’un ensemble remarquable d’églises romanes du pays de Souvigny, elle illustre avec élégance l’histoire spirituelle et artistique de la région. Classée monument historique depuis 1840, cette église est un témoin précieux du Moyen Âge, mêlant simplicité romane et richesse des détails. Traverser ses portes, c’est plonger dans une atmosphère millénaire empreinte de sérénité et de mystère.
Histoire de l’église de Saint-Menoux
L’église faisait partie d’un couvent de bénédictines construit pour accueillir les pèlerins venus se recueillir sur la tombe de l’évêque breton Menou, décédé dans l’ancien village de Mailly, renommé plus tard Saint-Menoux en son honneur. Les abbesses y organisaient des foires et marchés importants, et sous la protection des Bourbons, marchands et acheteurs affluaient, ce qui permit au village de se développer autour de l’abbaye.
L’église de Saint Menoux pendant la révolution
Pendant la Révolution, le maire de la commune, accompagné de vandales, profana les tombeaux des abbesses ainsi que l’église, avant d’être emprisonné quelques mois plus tard. Menacée de ruine, l’église de Saint-Menoux fut sauvée par Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques, qui la classa parmi les premiers Monuments historiques en 1840, permettant ainsi de débloquer des fonds pour sa restauration.
Architecture de l’église de Saint-Menoux
L’église de Saint-Menoux, véritable trésor de l’art roman, présente un narthex datant du Xe siècle, la partie la plus ancienne de l’édifice. Le style roman bourguignon atteint son sommet dans le chœur, avec une abondance de pilastres cannelés et de chapiteaux corinthiens, rappelant la grandeur de l’abbaye de Cluny. La disposition des toitures du chevet évoque les grandes églises romanes d’Auvergne. Ainsi, le chevet combine des influences bourguignonnes dans ses ornements et auvergnates dans sa structure. Au cours de l’époque gothique, la nef a été reconstruite tout en préservant le narthex et le chevet. Le clocher, dont la flèche de pierre a été détruite pendant la Révolution, date également de cette période.
Le fameux Debredinoir de Saint-Menoux
La débredinoire est un sarcophage contenant les reliques de saint Menoux, percé d’un orifice à travers lequel les personnes considérées comme « simples d’esprit » passaient la tête pour retrouver leurs facultés mentales. Ce rituel a fait de la débredinoire un symbole culturel important du Bourbonnais.
Localisation du débredinoir
Ce sarcophage est conservé dans l’église du village de Saint-Menoux, situé à environ quinze kilomètres à l’ouest de Moulins, la préfecture de l’Allier. Déplacé à plusieurs reprises, il a été remonté de la crypte au XIe siècle et adapté au XIIe siècle. En 1793, les révolutionnaires l’ont repoussé dans le déambulatoire pour permettre l’organisation de danses patriotiques, avant qu’il ne soit replacé derrière l’autel en 1852.
Origine du débredinoir
Selon la légende, au VIe siècle, un évêque irlandais nommé Menulphe, rentrant d’un pèlerinage à Rome, s’établit à Mailly-sur-Rose (actuel Saint-Menoux), où il mourut un 12 juillet. Il était accompagné de Blaise, un simple d’esprit local, qui, après la mort de Menulphe, continua à lui rendre hommage en passant la tête dans un trou percé dans le sarcophage, ce qui, selon la tradition, lui permit de recouvrer la raison. Ce geste devint un rituel pour d’autres personnes atteintes de troubles mentaux, attirant de nombreux pèlerins.
Le village fut renommé Saint-Menoux en son honneur, et une abbaye bénédictine fut fondée au Xe siècle pour accueillir les pèlerins. Cependant, à la suite de la Révolution, seules l’église et quelques reliques du saint subsistent.
La légende de la débredinoire
D’après la tradition, ceux qui souffraient de troubles mentaux passaient leur tête dans l’ouverture du sarcophage pour guérir. Toutefois, une autre légende affirme que si une personne touchait les bords du trou en passant sa tête, elle absorberait toute la folie accumulée par les précédents pèlerins.
Le terme « débredinoire » vient du mot « bredin », signifiant « simple d’esprit » en dialecte bourbonnais. René Fallet, écrivain bourbonnais, évoque cette pratique dans son roman Un idiot à Paris, et l’expression est reprise dans son œuvre La soupe aux choux.
Description et restauration du débredinoire
Le sarcophage, sculpté dans du grès rose, jaune et violet, remonte probablement au XIe siècle. En 1852, il fut restauré et surélevé pour en faciliter l’accès, et en 1940, des ouvertures en forme de fleurs furent ajoutées pour permettre de voir les reliques. Classé monument historique en 1840, il est intégré à l’église elle-même protégée au titre des monuments historiques.
Genre du mot
Le mot « débredinoire » est utilisé tant au masculin qu’au féminin, avec une préférence pour le féminin chez les auteurs régionaux.