Perchée au cœur du centre historique d’Agrigente, l’église Santa Maria dei Greci est bien plus qu’un simple lieu de culte : c’est un fascinant voyage à travers les siècles. Construite sur les vestiges d’un ancien temple grec, elle mêle harmonieusement héritage païen et spiritualité chrétienne, architecture antique et influences médiévales. En poussant ses portes, on découvre un lieu chargé d’histoire, où les colonnes doriennes soutiennent encore la foi et la mémoire. Une visite incontournable pour comprendre l’âme profonde de la Sicile.
L’Église Notre-Dame-des-Grecs d’Agrigente
Située au cœur d’Agrigente, l’église Notre-Dame-des-Grecs témoigne de la richesse historique et spirituelle de la Sicile. Construite vers 1200 sur les vestiges d’un ancien temple dorique — que certains érudits associent au sanctuaire d’Athéna Lindia et de Zeus Atabyrios mentionné par Polybe — cette ancienne cathédrale de rite gréco-byzantin incarne un rare syncrétisme architectural.
🏛️ L’héritage antique de l’église Santa Maria de Greci d’Agrigente
Construite entre les XIIe et XIIIe siècles, l’église repose sur les vestiges d’un ancien temple dorique du Ve siècle av. J.-C., probablement dédié à Athéna ou à Zeus Atabirios. Les fondations et certaines colonnes de ce temple sont encore visibles à l’intérieur de l’église, notamment grâce à des panneaux de sol transparents qui dévoilent les structures antiques sous-jacentes .
🕍 Architecture et art sacré de Notre-Dame-des-Grecs d’Agrigente
L’église présente une façade sobre, ornée d’un portail gothique de style chiaramontano, caractéristique de l’architecture sicilienne du XIVe siècle. À l’intérieur, la nef centrale est couverte d’un plafond en bois peint datant du XIVe siècle. Les murs conservent des traces d’un cycle de fresques du XIVe siècle dédié à la « Madonna del Latte », dont deux scènes sont encore visibles : « La Vision de saint Joachim » et « La Présentation de Marie au Temple » .
🧭 Un lieu de spiritualité et de mystère
L’église a été initialement utilisée par une communauté de moines grecs orthodoxes, d’où son nom. Elle conserve également un sarcophage en marbre de 1570 contenant les restes de deux nobles palermitains, Bartolomeo Caputo et Isabella Termini.
Une particularité intrigante est la présence de symboles ésotériques gravés dans la pierre, appelés « Triple Ceinture », composés de trois carrés concentriques, laissés par des visiteurs en quête de spiritualité .
🕰️ Informations pratiques sur la visite de l’église Sainte Marie dei Greci
Adresse : Cortile Santa Maria dei Greci, 92100 Agrigente
Horaires d’ouverture :
- Avril à octobre : mardi à dimanche, 10h00–13h00 et 15h30–19h00
- Novembre à mars : lundi à dimanche, 10h00–13h00
Tarif : à verifier sur place 😉
🏛️ Sites historiques à proximité de l’église Santa Maria dei Greci
Agrigente regorge de sites historiques remarquables à proximité de l’église Santa Maria dei Greci :
La cathédrale Saint-Gerland (Duomo d’Agrigento) : Située à quelques pas, cette cathédrale du XIe siècle présente une architecture mêlant styles normand, gothique et baroque. Elle abrite un musée diocésain avec des sarcophages antiques et des œuvres d’art sacré.
La vallée des Temples : Ce site archéologique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO est l’un des plus grands de Sicile. Il comprend plusieurs temples grecs bien conservés, comme ceux de la Concorde et d’Héra.
Le musée archéologique régional Pietro Griffo : Situé dans la Vallée des Temples, ce musée expose plus de 5 000 pièces, dont des céramiques, sculptures et monnaies, retraçant l’histoire d’Agrigente de la préhistoire à l’époque gréco-romaine.
Le jardin de la Kolymbethra : Ce jardin historique, géré par le FAI (Fondo Ambiente Italiano), offre une promenade au milieu d’agrumes et d’oliviers, avec des vestiges archéologiques et des tunnels antiques.
L’église San Nicola : Construite au XIIIe siècle dans un style gothique normand, cette église sobre et austère reflète l’architecture cistercienne. Elle est située à proximité du musée archéologique.
La maison natale de Luigi Pirandello : À quelques kilomètres du centre-ville, cette maison-musée est dédiée au célèbre écrivain sicilien, lauréat du prix Nobel de littérature en 1934. Elle présente des objets personnels, des manuscrits et des expositions sur sa vie et son œuvre.
Ou manger après la visite de l’église Santa Maria dei Greci à Agrigente ?
À proximité immédiate de l’église Santa Maria dei Greci, située dans le centre historique d’Agrigente, vous trouverez une variété de restaurants offrant des expériences culinaires siciliennes authentiques. Voici quelques établissements recommandés :
🍷 Enosteria Sant’arfò
- Adresse : Via Santa Maria dei Greci 31
- Cuisine : Sicilienne, italienne du sud, méditerranéenne, fruits de mer
- Description : Situé à quelques pas de l’église, ce restaurant propose une cuisine sicilienne raffinée avec une touche moderne. Les produits sont de qualité, faits maison, et le personnel est réputé pour son accueil chaleureux.
🥗 Ginger People & Food
- Adresse : Via Empedocle 21
- Cuisine : Méditerranéenne, fruits de mer, options végétariennes
- Description : Ce restaurant est apprécié pour ses plats méditerranéens et ses options végétariennes. Il se trouve à environ 300 mètres de l’église.
🍕 GUSTISSIMO pizza & more…
- Adresse : Via Atenea 72
- Cuisine : Pizza, options végétariennes et végétaliennes
- Description : Pour une option plus décontractée, ce restaurant propose une variété de pizzas et convient aux régimes végétariens et végétaliens.
Ristorante Ruga Reali
- Adresse : Via Atenea 109
- Cuisine : Italienne, fruits de mer, méditerranéenne
- Description : Ce restaurant offre une cuisine italienne traditionnelle avec une sélection de fruits de mer, situé à environ 200 mètres de l’église.
🍽️ Civicododici
- Adresse : Via Atenea 12
- Cuisine : Italienne, fruits de mer, méditerranéenne
- Description : Ce restaurant propose une cuisine italienne et méditerranéenne, avec une attention particulière portée aux fruits de mer.
Ces établissements offrent une gamme variée de plats siciliens et méditerranéens, allant des options végétariennes aux spécialités de fruits de mer. La plupart sont situés à quelques minutes de marche de l’église Santa Maria dei Greci, ce qui les rend idéaux pour un repas avant ou après votre visite.
Un peu plus d’informations sur la transformation du temple grec à l’église chrétienne.
En 480 avant Jésus-Christ, non loin de l’actuelle Cathédrale d’Agrigente, s’élevait majestueusement un temple dédié à Zeus Atabyrios, identifié par l’historien grec Polybe. Un peu plus bas, se dressait un temple plus petit, probablement consacré à la déesse Athéna. Avec le passage des siècles et les différentes civilisations qui ont habité cette région, les traces du grand temple ont disparu. En revanche, la base du temple plus modeste est encore visible aujourd’hui. Cela s’explique car, durant la période byzantino-arabe, entre le VIe et le VIIIe siècle après Jésus-Christ, une église byzantine fut construite sur les ruines du temple d’Athéna, correspondant à l’actuelle Santa Maria dei Greci.
Le style architectural de ces temples semble lié à ceux édifiés après la bataille d’Himère en 480 av. J.-C., qui célébraient la victoire des cités grecques d’Akragas, Syracuse, Himère et Gela sur les Carthaginois. Le site sacré actuel est un exemple remarquable de continuité des lieux de culte, du monde antique à nos jours : ce qui reste de l’ancien temple grec se trouve dans les fondations de l’église et dans le couloir adjacent au mur extérieur, où l’on peut encore voir les anciens degrés et la base (crepidoma) supportant les parties inférieures de six colonnes cannelées.
La transformation du temple classique en église chrétienne serait intervenue à l’époque byzantine, en dédiant le sanctuaire originellement païen, dédié à la déesse Athéna, à la Vierge Marie. Cette évolution est conforme au Concile d’Éphèse de 431, ainsi qu’aux décrets des empereurs byzantins Théodose II et Valentinien III en 435.
Grâce à ces décisions, et à la consécration par l’évêque Grégoire II, le temple appelé de la Concorde dans la vallée des Temples a été préservé jusqu’à aujourd’hui, notamment parce qu’il a servi de basilique dédiée aux saints Pierre et Paul jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
L’actuelle structure de l’église Santa Maria dei Greci date des XIIe-XIIIe siècles, tandis que le portail à arc brisé de la façade est du XIVe-XVe siècle, ajouté par-dessus un portail plus ancien. La plus ancienne charte du diocèse d’Agrigente mentionne qu’en 1092, l’évêque Gerlando, appelé par le comte Roger pour évangéliser la région, célébrait déjà la messe dans l’église Santa Maria dei Greci, alors que la cathédrale était en construction.
Les différentes transformations
Pendant la période normande et souabe, la petite église devait être plus petite que sa taille actuelle, avec un plan central autour d’une coupole. L’extérieur, entièrement modifié lors des restaurations du début du XXe siècle, devait présenter un revêtement en pierre, orné de décorations telles que des arcades aveugles et des moulures autour des fenêtres, comme le montrent les photos anciennes.
Le plan de l’église s’inscrivait probablement dans un système géométrique parfait mêlant cercle et carré — le cercle représentant la forme abstraite, parfaite et infinie, tandis que le carré symbolise la forme rationnelle et mesurable. Cette fusion d’éléments byzantins et arabes témoigne de la politique inclusive et intégrative des Normands. Dès le XIIIe siècle, Agrigente était une étape pour les pèlerins et les soldats en route vers la Terre Sainte. On en trouve la preuve dans les vestiges d’un ancien cloître attenant à l’église, présent jusqu’au XVIIe siècle, dans les médaillons votifs découverts dans la crypte, ainsi que dans la gravure de la « triple ceinture » : trois carrés concentriques coupés par deux lignes orthogonales. Ce symbole mystique représente l’orientation de l’homme dans l’espace et dans la vie, l’opposition entre la terre et le ciel, mais peut aussi symboliser l’univers créé. Ce signe est encore visible aujourd’hui dans l’abside, à l’intérieur du mur droit, gravé dans la pierre.
Au XIVe siècle, fut fondée la Confrérie de Santa Maria dei Greci, une association laïque destinée à soutenir les besoins de la communauté. Cette présence explique la création, au XVIIe siècle, d’une crypte visible sous le sol de l’église, où étaient enterrés les membres de la confrérie. D’autres transformations ont eu lieu au XVe siècle, sous la noble famille catalane des Pujades, dont les armoiries figurent sur la clé de voûte du portail d’entrée. À cette époque, un imposant plafond en bois fut construit, orné d’images sacrées de saints et saintes, de blasons nobles, de scènes de la vie quotidienne et de vases avec des rameaux. Un grand fresque fut réalisée dans la nef droite, illustrant des épisodes de la vie de la Vierge, encadrés par les branches d’un arbre généalogique exceptionnel : il prend naissance avec le vieux Jessé, père du roi David, ancêtre de la lignée de Jésus de Nazareth, représenté au centre de la fresque.
En 1726, d’autres modifications furent apportées : trois petites coupoles et d’autres éléments architecturaux furent ajoutés, donnant à l’église une apparence transformée, comme on peut le voir sur le dessin de Raffaello Politi de 1826.
L’état actuel résulte des fouilles et de la restauration de 2005, qui ont permis de mettre à jour tout le soubassement du temple ainsi que la crypte.
