Y-avait-il des crocodiles dans les douves de certains châteaux forts ? y avait-il un intérêt stratégique à mettre de l’eau autour du château ? Est-il vrai qu’au moyen âge, on versait de l’huile bouillante sur les attaquants du domaine ?
Nous avons eu la réponse à toutes ces questions en participant à la visite guidée du château de la Roche Guyon. Ce domaine est situé à 75km de Paris (à proximité de Giverny).
Nous avons donc commencé notre visite du château dans la cour central face à l’immense façade du château. Celui-ci est adossé à une grande paroi calcaire, ce qui lui confère un aspect massif et imprenable. Nous avons ensuite eu l’occasion de voir « le chronoscape » machine à remonter le temps, sortie tout droit de l’imaginaire d’Edgar P.Jacobs (créateur des personnages Blake et Mortimer) dans la bande dessinée « la machine diabolique ».
Après cette découverte originale, nous avons arpenté le château de la Roche Guyon, découvert l’utilité d’une herse au moyen-âge et débattu sur le poids d’une armure de chevalier.
Notre visite s’est poursuivie en direction du pigeonnier, où nous avons pu voir l’utilité de ce type d’installation au moyen-âge. Pour terminer, nous avons gravi plusieurs marches taillées dans la roche, qui nous ont permis de rejoindre la tour du château.
En 911, Epte est alors fortifiée et la Roche Guyon est alors un site de défense stratégique.
Phillipe Auguste séjourne au château en 1185. Il souhaite s’assurer de la loyauté de son vassal « Guy de la Roche ». Dans cette optique il lui accorde deux privilèges :
- Le droit de lever le péage pour les bateaux naviguant sur la seine.
- Le droit de chasse exclusif sur les terres de la forêt d’arthies
Le droit de péage permet à la famille de la Rochefoucauld de se procurer d’importants revenues, ils ont également en contrepartie le devoir de :
- Garantir la navigabilité sur le fleuve (entretien des berges, dragage et halages des navires à partir de 1840.)
Assurer la protection des navires, c’est pour cette raison qu’il construit un donjon circulaire de 35 mètres de haut surplombant la seine.
Guerre de 100 ans : En 1419, Rouen tombe aux mains des anglais. Il s’ensuit un siège de 6 mois au château de la Roche Guyon. Henri V qui séjourne à Mantes offre le choix à « dame Perette » de lui prêter allégeance ou de quitter le château. Elle refuse en premier lieu mais face aux menaces de sape du château par les caves, elle décide capituler, elle rejoint ainsi la cour du roi de Bourges en 1419 et le château est finalement occupé par les Anglais.
Le château est repris par Guy VII de la roche en 1449.
En 1474 : Grande période de prospérité, le château perd peu à peu de sa fonction défensive pour se transformer en résidence.
En 1773 : Une entrée monumentale baroque est percée dans le rempart Est. L’entrée ouvre sur un grand escalier qui donne lui-même sur la salle des gardes et les pièces de réception. Le 2 octobre 1973 : en pleine terreur, le conseil général de la Seine et Oise ordonne la destruction du donjon dans l’optique que celui-ci ne tombe pas entre les mains des contre-révolutionnaires. Ce donjon est alors arasé d’un tiers, il ne mesure plus que 20 mètres de haut.
Occupation : Février 1944 : Le château est occupé par l’état-major de Rommel.
Il est alors responsable de la défense des côtes françaises contre le débarquement allié qui s’annonce. Il choisit le château comme siège de son quartier général. Ce choix s’explique par sa configuration défensive :
- Semi troglodytique
- Emplacement rural relativement protégé des bombardements
- Proximité avec les états-majors de Paris, Saint Germain en Laye.
- A équidistance entre le cotentin, Le havre et le Pas de Calais
Il décide de creuser des boves au pied de la falaise pour abriter des munitions pour 500000 hommes.
La famille de la Rochefoucauld vit à l’étage, le maréchal Rommel quand à lui s’installe dans les salons du pavillon d’Enville.
La cohabitation n’est pas simple d’autant que Monique est soupçonné de résistance en aidant les aviateurs espions britanniques ;
Dès le début de 1944, Rommel sait que la défaite nazie est inévitable, avec d’autres membres du Reich, ils s’accordent sur la nécessité de renverser le régime nazi et de mettre fin à la guerre. Le 17 juillet, la voiture de Rommel est mitraillée par deux avions de la royal Air Force sur la route de Livarot à Vimoutiers, il est alors grièvement blessé.
Le 18 Aout, Rommel est accusé de haute trahison, il reçoit à son tour l’ordre secret de se suicider(le 14 octobre 1944 à Herlinger).
Ce même jour, l’armée allemande évacue le village en une journée alors que les alliés sont en approche. Le soir du 25 Aout, La roche Guyon subit un bombardement allié.
En 1946 de longues restaurations sont engagées : tour carré, couverture de l’escalier d’honneur, passage de la chapelle, les écuries, les communs. 1994 : Ouverture au public.
Pour en revenir à Edgar P. Jacobs, il s’agit d’un dessinateur Bruxellois, le piège diabolique, parue en 1962 est le 6 éme tome de la série Blake et Mortimer.
Dans la bande dessinée la machine à remonter le temps (Chronoscape) lui permet de visiter diverses époques : la préhistoire, le moyen-âge et le futur (51 éme siècle). Il parvient non sans mal à regagner son époque.