Nichée sur la côte sud de la Sicile, la Vallée des Temples d’Agrigente est l’un des sites archéologiques les plus impressionnants du monde méditerranéen. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette vallée ne doit pas son nom à une formation géographique, mais à l’ensemble exceptionnel de temples grecs qui s’y dressent, témoins majestueux de l’antique cité d’Akragas. Entre colonnes dorées par le soleil, oliviers centenaires et vues spectaculaires sur la mer, la visite de ce lieu unique transporte les voyageurs au cœur de la Grande Grèce, à la rencontre d’un passé vieux de plus de deux mille ans. Une plongée captivante dans l’histoire, l’art et la spiritualité de l’Antiquité.
Fortification porte 5 de la vallée des temples
La Porte V, ou Porta Quinta, est l’une des entrées les mieux conservées de l’ancienne cité grecque d’Akragas, aujourd’hui Agrigente, en Sicile. Située au sud de la Vallée des Temples, elle illustre parfaitement l’ingéniosité défensive des Grecs antiques, avec une ouverture oblique typique des portes dites « Scee », conçue pour contraindre les assaillants à exposer leur flanc droit, plus vulnérable. Flanquée d’une tour principale à l’ouest et de deux tours secondaires de part et d’autre de l’entrée, la porte offrait une protection stratégique à l’accès sud de la ville.
Elle donnait directement sur un important sanctuaire dédié aux divinités chthoniennes comme Déméter et Perséphone, l’un des plus anciens lieux de culte de la cité, organisé en terrasses successives. Une artère principale partait également de cette porte pour rejoindre l’agora et la Porte II, facilitant les déplacements à l’intérieur de la ville. À proximité, les fouilles archéologiques ont révélé un hypogée reliant la porte au jardin de la Kolymbethra ainsi qu’un quartier artisanal comprenant des fours servant à la fabrication de figurines religieuses en terre cuite. Aujourd’hui, la Porte V constitue l’un des accès principaux à la Vallée des Temples pour les visiteurs et reste un témoin précieux de l’organisation urbaine et religieuse d’Akragas.
La cité grecque d’Akragas au coeur de la vallée des temples d’Agrigente
La cité grecque d’Akragas, aujourd’hui connue sous le nom d’Agrigente, fut fondée vers 580 avant J.-C. par des colons venus de Gela, elle-même colonie de Rhodes et de Crète. Située sur la côte sud de la Sicile, Akragas devint rapidement l’une des cités les plus prospères de la Grande Grèce.
Son apogée se situe au Ve siècle avant J.-C., notamment sous le règne du tyran Théron, durant lequel la ville rayonne par sa richesse, son architecture monumentale et sa vie intellectuelle, incarnée par le philosophe Empédocle. Ce faste est encore visible aujourd’hui dans la Vallée des Temples, un vaste site archéologique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui regroupe plusieurs temples doriques exceptionnels.
Le plus emblématique est le temple de la Concorde, remarquablement bien conservé, notamment parce qu’il fut transformé en église chrétienne au VIe siècle. Le temple d’Héra, situé à l’est, offre une vue spectaculaire et porte les traces d’un incendie ancien, tandis que le temple de Zeus Olympien, jamais achevé, impressionne par ses dimensions colossales.
On y trouvait autrefois des statues gigantesques appelées télamons. Le temple d’Héraclès, quant à lui, est l’un des plus anciens du site et fut mentionné par Cicéron. Malgré les destructions successives, notamment par les Carthaginois en 406 avant J.-C., puis la conquête romaine en 210 avant J.-C., Akragas reste habitée et prend le nom d’Agrigentum sous Rome.
La ville décline peu à peu, et l’habitat se déplace vers les hauteurs, là où se trouve aujourd’hui Agrigente. Le site de la Vallée des Temples conserve encore des vestiges impressionnants, des murailles, des nécropoles et des fragments de temples, tandis que le musée archéologique Pietro Griffo complète la visite par une riche collection d’objets retrouvés sur place, permettant d’imaginer la splendeur passée de cette cité grecque.
Historique des fouilles de la vallée des temples
La Vallée des Temples d’Agrigente attire l’attention dès le XVIe siècle : Tommaso Fazello en offre une première description en 1558 dans De rebus siculis, suivi en 1752 par Giuseppe Maria Pancrazi avec Antichità siciliane. En 1759, Johann Joachim Winckelmann publie ses observations sur l’architecture des anciens temples.
À la fin du XVIIIe siècle, le prince Gabriele di Torremuzza, chargé par Ferdinand IV de la préservation des antiquités du Val di Mazzara, entreprend la remise en état du temple d’Héra Licinia, après avoir dégagé le temple de la Concorde de ses ajouts chrétiens. La création, en 1827, de la Commission des Antiquités et Beaux-Arts pour la Sicile permet la restauration de plusieurs temples, notamment ceux de la Concorde et des Dioscures. Durant cette période, la région attire de nombreux intellectuels européens tels que Goethe, Tocqueville ou Maupassant.
Des fouilles systématiques débutent en 1835-1836 avec Domenico Antonio Lo Faso Pietrasanta, mais coïncident avec les premières exactions des tombaroli, pilleurs de tombes alimentant le marché noir. Les recherches s’étendent aux nécropoles à partir de 1899, puis à l’ensemble du site dès 1916, notamment entre 1925 et 1932 sous la direction de Pirro Marconi, avec l’appui du mécène anglais Alexander Hardcastle, propriétaire de la Villa Aurea. D’autres archéologues poursuivent les fouilles : Giuseppe Cultrera, Goffredo Ricci et Jole Bovio Marconi. Entre 1953 et 1958, on explore notamment le sanctuaire des divinités chthoniennes et le quartier gréco-romain. La zone de San Nicola est l’une des dernières à être étudiée.
Fragilisé par les siècles, les pillages et les réaffectations, le site bénéficie de plusieurs protections légales : lois nationales en 1968 et 1971, puis régionales en 1991 et 2000. Cela aboutit à la création d’un vaste parc archéologique et paysager de 1300 hectares. En 1997, la Vallée des Temples est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. L’appellation initialement réservée à la cité antique s’étend progressivement aux sanctuaires et nécropoles jusqu’à la mer.
Le musée archéologique d’Agrigente, conçu par Franco Minissi, est inauguré en 1967 près de l’église San Nicola. Il rassemble les collections conservées depuis 1864 dans le musée municipal et celles de la Villa Aurea. Il porte aujourd’hui le nom de Pietro Griffo, figure clé de l’archéologie en Sicile. Le parc accueille désormais environ 600 000 visiteurs par an.
Kolymbéthra dans la valée des temples d’Agrigente
Le jardin de la Kolymbéthra, niché au cœur de la Vallée des Temples d’Agrigente, est un véritable trésor naturel et historique. Son nom, issu du grec ancien, désigne à l’origine un bassin destiné à l’eau, creusé au Ve siècle avant J.-C. à l’époque du tyran Théron.
Alimenté par un ingénieux réseau hydraulique, il servait probablement de réservoir pour la ville antique. Au fil des siècles, la zone fut comblée et transformée en un jardin agricole, tirant parti de l’humidité naturelle pour développer un microclimat unique.
Aujourd’hui, sous la gestion attentive du Fondo Ambiente Italiano (FAI), la Kolymbéthra est un jardin luxuriant où se mêlent orangers, citronniers, amandiers, oliviers centenaires, plantes aromatiques et potagers traditionnels. Ce lieu offre une immersion sensorielle exceptionnelle dans un écrin de verdure, à deux pas des temples monumentaux.
C’est un espace paisible où l’on peut découvrir la biodiversité méditerranéenne, les savoir-faire agricoles ancestraux et l’histoire hydraulique de la cité antique. Le site se visite à pied, entre sentiers ombragés, petits canaux et panneaux explicatifs, constituant une halte rafraîchissante et enrichissante lors de la découverte d’Agrigente.
Sanctuaire des divinités chtoniennes et temple des dioscures dans la vallée des temples à Agrigente
Dans la vallée des temples à Agrigente, le sanctuaire des divinités chthoniennes et le temple des Dioscures témoignent d’une spiritualité profondément enracinée dans la terre et les forces souterraines. Le sanctuaire, dédié aux divinités liées au monde souterrain et à la fertilité — comme Déméter et Perséphone — révèle l’importance des cultes agraires dans la société grecque antique. Non loin de là, le temple des Dioscures, bien que partiellement reconstruit au XIXe siècle, demeure l’un des symboles les plus emblématiques du site.
Édifié en l’honneur de Castor et Pollux, les jumeaux mythologiques protecteurs des voyageurs et des soldats, il se dresse avec élégance malgré la modestie de ses vestiges, suggérant le raffinement architectural dorique et l’importance religieuse qu’il occupait jadis. Ensemble, ces lieux incarnent la richesse du panthéon grec et l’intensité du lien entre spiritualité, nature et société dans la Sicile antique.
Les télamons du temple de Zeus Olympios dans la vallée des temples d’Agrigente
Le Temple de Zeus Olympien, situé à l’ouest de l’entrée du parc, a probablement été construit par le tyran Théron vers -480, après sa victoire à la bataille d’Himère, en l’honneur des Grecs ayant triomphé de Carthage. Toutefois, certains experts avancent que les travaux auraient débuté en -488, lors de la prise de pouvoir de Théron. L’historien grec Polybe souligne que, bien que le temple ne soit pas aussi orné que d’autres en Grèce, sa taille et sa conception n’ont rien à lui envier. Diodore de Sicile, un siècle plus tard, en donne une description détaillée, soulignant sa grandeur : 340 pieds de long, 60 pieds de large et 120 pieds de haut. Bien que jamais achevé, le temple impressionne par son design, où des piliers intégrés dans les murs alternent avec des colonnes extérieures, chacune ayant un diamètre de vingt pieds. À l’intérieur, les pilastres mesurent douze pieds de large. Le temple se distingue par ses portes majestueuses et ses sculptures, dont un combat de Géants sur la façade orientale et la prise de Troie à l’occident, illustrant héroïquement les personnages avec une précision remarquable dans leurs tenues et armes.
Les frontons sculptés du Temple de Zeus Olympien, les seuls de la ville d’Agrigente, commémoraient la victoire des Grecs d’Himère sur les Carthaginois, tandis que les métopes restaient lisses. En 2024, un fragment de frise a été retrouvé en mer, près de l’embouchure du fleuve Akragas. Avec des dimensions impressionnantes de 56 × 113 m, soit 6 340 mètres carrés, l’Olympiéion d’Akragas est le plus grand des temples doriques et le troisième parmi les temples grecs.
Son plan innovant se distingue par l’absence de colonnade extérieure, avec un soubassement à cinq degrés supportant une salle hypostyle inspirée de l’architecture carthaginoise, composée de deux rangées de douze piliers carrés de 21 m de haut, murés à mi-hauteur. Le péristyle, qui se compose de piliers de 17 m de haut disposés en sept colonnes sur la largeur et quatorze sur la longueur, est de type « pseudo-périptère », reliant des masses de pierre de 4 m de diamètre. La cella, probablement hypèthre, était ouverte sur le ciel, tandis que le péristyle et les nefs latérales étaient couverts. Le temple avait un nombre impair de colonnes en façade, créant un pilier central et des portails aux extrémités de la façade est, permettant l’accès aux nefs latérales et, apparemment, une petite entrée sur le côté sud.
Entre les demi-colonnes extérieures du Temple de Zeus Olympien, des statues de géants, appelées Atlantes par les Grecs ou Télamons par les Romains, mesuraient 7,65 m de haut. Ces statues, au nombre de 38, alternaient entre barbus et imberbes et reposaient sur une console, supportant l’entablement de 7,48 m de haut. Leur disposition comprenait 13 statues en longueur et 6 en largeur. Selon une théorie, ces télamons, aux traits carthaginois, symbolisaient les barbares vaincus lors de la bataille d’Himère en -480. Pierre Lévêque propose qu’ils représentent les Dioscures. En 1825, un géant a été reconstitué à partir d’éléments dispersés, et il est aujourd’hui exposé au Musée archéologique d’Agrigente. D’autres télamons ont été assemblés sur le site à partir de fragments.
Lors de la conquête d’Akragas par Carthage en -406, le temple, bien qu’encore inachevé, a été détruit, mais il est resté debout jusqu’à l’époque de Polybe au IIe siècle av. J.-C. et a survécu jusqu’au Moyen Âge. Ses pierres, plus petites et bien équarries, ont été réutilisées pour des constructions, comme le môle de Porto Empedocle. Aujourd’hui, il reste quelques éléments du soubassement, des colonnes et des chapiteaux.
À une cinquantaine de mètres à l’est du temple, un grand autel extérieur mesurait 54,5 sur 17,5 mètres, avec des gradins menant à une plateforme pour les sacrifices, généralement des hécatombes. En 1925, Ettore Gabrici a découvert un bâtiment divisé en deux nefs à proximité, qui pourrait être un sacellum de la période archaïque ou hellénistique. Au sud-ouest du temple, des fouilles ont mis à jour une stoa et des citernes.
Intérieur du temple de Zeus Olympios
Le temple de Zeus Olympien, dans la Vallée des Temples à Agrigente, était le plus grand temple dorique jamais édifié dans le monde grec, mais il n’a jamais été achevé et son intérieur reste en grande partie hypothétique.
Contrairement aux temples grecs traditionnels, il possédait une structure fermée : les espaces entre les colonnes étaient murés, créant un vaste espace intérieur sans la cella classique. Ce qui distingue particulièrement ce temple, c’est la présence monumentale de Télamons – des figures humaines colossales d’environ huit mètres de haut – encastrés dans les murs ou entre les colonnes.
Ces géants sculptés, qui soutenaient symboliquement l’édifice, représentaient probablement les ennemis vaincus d’Agrigente, comme les Carthaginois, et ajoutaient à l’atmosphère solennelle de l’ensemble. Bien que l’on ignore à quoi ressemblait la statue de Zeus qui devait trôner dans le sanctuaire, il est probable que l’intérieur ait servi à des cérémonies collectives, tout en affirmant la puissance idéologique de la cité grecque après sa victoire en 480 av. J.-C.
Aujourd’hui, il ne reste que les fondations du temple, un télamon allongé au sol, et un autre conservé au musée archéologique, mais les descriptions anciennes, notamment celles de Diodore de Sicile, permettent de proposer des reconstitutions qui donnent une idée de la grandeur et de la singularité de ce lieu.
Telamone
Les télamons de la Vallée des Temples à Agrigente, en Sicile, sont des statues colossales qui faisaient partie du Temple de Zeus Olympien, l’un des plus grands temples jamais construits par les Grecs dans l’Antiquité. Un télamon est une figure masculine utilisée comme élément architectural porteur, équivalent masculin de la caryatide. À Agrigente, ces figures atteignaient environ 7,6 mètres de hauteur. Sculptées dans le calcaire local, elles représentaient probablement des géants ou des prisonniers, symbolisant la domination des Grecs sur leurs ennemis.
Intégrés dans la structure du temple, les télamons étaient placés entre les colonnes, soit debout, soit agenouillés, pour donner l’impression de soutenir le poids de l’édifice. Leur rôle était essentiellement décoratif et symbolique, accentuant la puissance divine de Zeus et la grandeur de la cité d’Agrigente.
Le temple, commencé vers 480 avant J.-C. après une victoire contre Carthage, n’a jamais été achevé, probablement en raison de son immense ambition et du manque de ressources. Il s’est effondré au fil du temps, victime des tremblements de terre et du pillage de ses pierres.
Aujourd’hui, un télamon partiellement reconstitué est visible à même le sol près des ruines du temple, offrant une idée de l’échelle démesurée du projet. Un autre exemplaire est conservé au musée archéologique d’Agrigente. Ces statues sont devenues un emblème de la Vallée des Temples et fascinent toujours les visiteurs par leur taille et leur signification mythologique et historique.
Autel du temple de Zeus Olympios
L’autel du temple de Zeus Olympios, notamment à Olympie, était l’un des éléments les plus sacrés du sanctuaire dédié à Zeus, le roi des dieux. Situé dans l’enceinte de l’Altis, non loin du célèbre temple qui abritait la statue chryséléphantine de Zeus réalisée par Phidias, cet autel occupait une place centrale dans les rites religieux. Contrairement aux constructions en pierre ou en marbre des temples grecs, l’autel de Zeus à Olympie était constitué essentiellement de cendres et de matériaux organiques. Il s’élevait à environ 6,70 mètres de haut et avait une forme conique ou en terrasse, formée par l’accumulation des cendres issues des sacrifices d’animaux, principalement des taureaux, offerts à Zeus.
L’autel se trouvait à l’est du temple et servait lors des grandes fêtes religieuses, notamment pendant les Jeux Olympiques antiques, où des sacrifices rituels y étaient effectués. Le feu sacré y brûlait de manière continue pendant les cérémonies. L’autel était probablement antérieur au temple lui-même, remontant à l’époque mycénienne ou archaïque, ce qui témoigne de la longue tradition religieuse du lieu. Il n’a pas été conservé, car ses matériaux, essentiellement organiques, n’ont pas résisté au temps. Les connaissances que nous avons de cet autel proviennent essentiellement de descriptions anciennes, notamment celle de Pausanias, un voyageur grec du IIe siècle de notre ère, qui a laissé des témoignages précieux dans son ouvrage Description de la Grèce.
Porte Aurea – Vallée des temples
La Porta Aurea, ou Porte d’Or, était vraisemblablement l’une des entrées monumentales de l’antique cité d’Akragas, aujourd’hui Agrigente, en Sicile. Si elle est évoquée dans certaines sources anciennes, notamment par des auteurs comme Polybe ou Diodore de Sicile, les informations à son sujet restent très limitées et fragmentaires. Cette porte, dont le nom évoque la richesse et la splendeur, aurait pu avoir une fonction cérémonielle, servant de point d’entrée prestigieux à la ville pour des visiteurs importants ou lors de processions. Son emplacement exact demeure incertain, bien qu’on suppose qu’elle se trouvait sur le flanc oriental ou méridional de la cité, peut-être non loin du temple de Zeus Olympien.
Aucun vestige clairement identifié de la Porta Aurea n’a été mis au jour, ce qui rend toute tentative de reconstitution purement hypothétique. Contrairement aux temples encore debout dans la Vallée des Temples, la Porte d’Or ne fait pas partie des structures visibles aujourd’hui. Il est possible que son nom, hérité de la tradition médiévale ou renaissante, repose davantage sur un imaginaire symbolique que sur une réalité architecturale bien connue. Certains récits anciens ou commentaires de voyageurs évoquent néanmoins cette porte comme une frontière entre le monde profane et le monde sacré, à l’image des seuils sacrés souvent présents dans les cités grecques. Ainsi, la Porta Aurea appartient davantage au domaine de la mémoire et de la légende qu’à celui de l’archéologie tangible.
Tombe de Théron – Agrigente – Vallée des temples
La Tombe de Théron se trouve à l’extrémité orientale de la Vallée des Temples, à Agrigente, non loin de l’entrée principale du site. Isolé sur une légère élévation, ce monument funéraire marque la transition entre les sanctuaires grecs et la vaste nécropole romaine qui s’étend aux abords de l’antique cité d’Akragas. De forme quadrangulaire, la structure s’élève sur un socle massif et présente un corps central orné de colonnes engagées, d’ordre dorique ou toscan selon les interprétations, témoignant d’une architecture influencée par le style hellénistique tardif et romain. Le couronnement, aujourd’hui en partie disparu, suggérait autrefois un petit temple ou un acrotère.
Ce tombeau se distingue par sa verticalité et son bon état de conservation, qualités rares dans les monuments funéraires de la région. Il reflète les usages funéraires de la période romaine tout en conservant des traits propres à l’architecture sicilienne. À la croisée de deux mondes, il incarne le dialogue entre les influences grecques et romaines, visible dans la manière dont les élites d’Agrigente ont voulu affirmer leur statut dans la mort, comme elles le faisaient dans la vie.
Temple d’Heracles de la vallée des temples à Agrigente
Le temple d’Héraclès se trouve près de la route, à l’est du parc, non loin de l’entrée et juste à côté de la porte IV (porta Aurea). Son identification comme temple dédié à Héraclès provient de Cicéron, qui, en tant que questeur en Sicile en -75, mentionne dans ses accusations contre Verrès une grande statue en bronze d’Héraclès située dans un temple près de l’agora (basse agora, près de la porte IV).
Selon Cicéron, les lèvres et le menton de la statue étaient usés par les pèlerins qui la touchaient fréquemment, et Verrès avait l’intention de s’en emparer. Biagio Pace suggère qu’il pourrait avoir été dédié aux Létoïdes.
Le temple d’Héraclès est le plus ancien de ceux situés près de la muraille sud, datant du début du Ve siècle av. J.-C. Il repose sur un socle à trois niveaux.
Son plan est similaire à celui des autres temples de Sicile, mais son péristyle, composé de 6 × 15 colonnes, est plus long que la norme, créant ainsi un espace équivalent à la largeur de deux colonnes aux extrémités, à la fois devant le pronaos et derrière l’opisthodome. L’adyton, généralement présent dans les temples siciliens, manque ici. Les éléments d’architrave présentent des saignées en forme de U, destinées à accueillir des boucles de débardage symétriques.
Des vestiges du temple d’Héraclès ont été retrouvés disséminés dans la zone, comme des chapiteaux recouverts de stuc, qui étaient probablement présents sur d’autres parties du temple. En 1924, sous l’initiative d’Alexander Hardcastle, les huit colonnes visibles du côté sud ont été remontées, tandis que la restauration du côté nord avait déjà commencé au XIXe siècle.
Des transformations romaines et la découverte d’une statue d’Asclépios en 1835 suggèrent que le temple pourrait avoir été réattribué à une autre divinité.
Temple de la concorde de la vallée des temples
Le temple de la Concorde est l’un des mieux conservés de l’Antiquité grecque, aux côtés de l’Héphaïstéion (ou Théséion) à Athènes et du temple de Poséidon à Paestum. Son nom, donné de manière arbitraire, provient d’une inscription romaine retrouvée à proximité, où le mot latin « concordia » est mentionné. Il a été construit entre -440 et -430.
Le terrain irrégulier sur lequel il repose a été compensé par une base (krépis) imposante. Son plan suit le modèle classique des temples d’Agrigente, comprenant un pronaos, un naos, un opisthodome et un péristyle de 6 × 13 colonnes.
Le temple de la Concorde se distingue par sa grande précision dans sa construction. Le problème typique des temples doriques, lié à la disposition des métopes et des triglyphes aux extrémités, a été résolu de manière innovante : l’écart entre les deux dernières colonnes a été réduit et la métope extrême allongée pour améliorer l’effet visuel.
En 597, l’évêque Grégoire d’Agrigente transforma le temple en basilique chrétienne dédiée aux apôtres Pierre et Paul, après avoir chassé les démons païens Eber et Raps qui y résidaient.
Chacun des murs de la cella fut percé de douze arcades, et les entrecolonnements furent murés, à l’instar de ce que l’on peut observer à la cathédrale de Syracuse. L’entrée fut déplacée sur le côté ouest, ce qui entraîna la suppression de la cloison séparant le naos et l’opisthodome, tandis que la sacristie prit place dans l’ancien pronaos.
La découverte de deux statues de dieux puniques mises de côté dans le temple a conduit à l’hypothèse que les Grecs y vénéraient déjà deux divinités, probablement les Dioscures.
Après l’abandon de la cité, l’église chrétienne resta en activité jusqu’au XVIIe siècle. Elle fut désaffectée en 1748, et en 1788, sur ordre du prince de Torremuzza, les dernières structures chrétiennes furent enlevées. Depuis cette époque, le temple a été restauré pour retrouver son état d’origine.
Comment se rendre dans la vallée des temples d’Agrigente ?
La solution la plus pratique est de louer une voiture, car cela permet de rejoindre facilement le site depuis Palerme, à environ deux heures de route, ou depuis Catania, à une heure et demie. Depuis Palerme, il suffit de prendre l’autoroute A19 en direction de Catania, puis l’A29 vers Agrigente, en suivant les indications pour la « Valle dei Templi » une fois arrivé. Une autre option consiste à prendre un train depuis Palerme ou Catania, avec un trajet d’environ deux heures et demie, puis un bus local ou un taxi depuis la gare d’Agrigente pour rejoindre le site, situé à trois kilomètres. Les bus réguliers reliant Agrigente à d’autres villes siciliennes sont également disponibles, mais ils offrent une solution plus lente et moins directe. Enfin, pour ceux qui préfèrent une option sans tracas, plusieurs agences touristiques organisent des excursions guidées au départ de Palerme ou Catania, incluant à la fois le transport et la visite du site.
Ou dormir à proximité de la vallée des temples d’Agrigente ?
Voici les types d’hébergements que vous pouvez trouver à proximité de la vallée des Temples d’Agrigente :
- Hôtels de luxe : Proches de l’entrée de la vallée des Temples, ces hôtels offrent des vues spectaculaires sur les sites archéologiques, avec des services haut de gamme comme des piscines, des restaurants gastronomiques et un service en chambre.
- Hôtels 3-4 étoiles : Ces hôtels, souvent situés à quelques kilomètres de la vallée, offrent un bon rapport qualité-prix avec des chambres confortables, des services comme des piscines et des restaurants, tout en étant relativement proches des attractions principales.
- B&B et chambres d’hôtes : Plus intimes et abordables, les B&B dans les environs offrent un cadre familial et souvent une excellente cuisine locale. C’est une option idéale si vous cherchez une expérience plus authentique et personnelle.
- Agritourisme : Pour une immersion dans la campagne sicilienne, de nombreuses fermes et exploitations agricoles proposent des hébergements. Ces lieux sont souvent tranquilles et permettent de goûter à des produits locaux faits maison, tout en étant à quelques minutes en voiture des temples.
- Appartements ou maisons de vacances : Si vous préférez plus d’indépendance, vous pouvez trouver des appartements ou des maisons à louer à proximité, offrant plus d’espace et la possibilité de préparer vos repas.
- Camping ou glamping : Si vous aimez la nature, il existe des campings dans les environs, avec des options de glamping pour une expérience plus confortable tout en restant proche de la nature.
En direction du temple de Junon (Hera) dans la vallée des temples d’Agrigente
Le temple d’Héra, également appelé temple de Junon Lacinienne, se trouve à l’extrémité sud-est du plateau, et constitue le dernier des temples de la série. Son attribution à Héra est incertaine, car elle repose sur une ancienne confusion avec un autre temple dédié à cette déesse, situé près de Crotone, en Calabre. Certains chercheurs, comme Biagio Pace, suggèrent que le temple était plutôt dédié à Poséidon.
Édifié aux alentours de 460-450 av. J.-C., ce temple d’ordre dorique et périptère comporte 6 colonnes sur 13, et repose sur un soubassement à quatre degrés, comparable à celui du temple de la Concorde, conçu pour compenser les irrégularités du terrain. Son plan présente des similitudes avec celui de ce dernier, bien que le problème des angles propre aux temples doriques ait été résolu différemment : les angles nord, ouest et sud ont subi une contraction simple, tandis qu’aucune contraction latérale n’a été effectuée sur la façade, où seule la distance entre les deux colonnes centrales a été réduite.
Le temple a été détruit par un incendie en -406, causé par les Carthaginois, puis restauré par les Romains au Ier siècle avant J.-C., avec des tuiles de terre cuite remplaçant les tuiles en marbre. Les travaux de restauration, connus sous le nom d’anastylose, ont débuté en 1796 sous la direction du prince Gabriele di Torremuzza.
Aujourd’hui, 25 des 34 colonnes du péristyle ont été reconstruites. La colonnade nord a été entièrement préservée, incluant ses chapiteaux et son architrave, tandis que la cella ne conserve que les éléments de soubassement et les bases des colonnes, situés entre les murs d’antes du pronaos et de l’opisthodome.
À l’est, on trouve un autel mesurant 29,3 m sur 10 m, presque aussi grand que la cella, mais disposé en biais par rapport à celle-ci. Une citerne a également été découverte à l’arrière du temple, du côté ouest.
Quels sont les choses à voir à proximité de la vallée des temples en Sicile ?
La Vallée des Temples (Valle dei Templi) à Agrigente est l’un des sites archéologiques les plus impressionnants de Sicile, mais il y a aussi plusieurs autres lieux intéressants à visiter aux alentours. Voici quelques suggestions :
- Le Jardin de la Kolymbethra : Un jardin archéologique situé à l’intérieur de la Vallée des Temples, avec des plantations méditerranéennes et une vue magnifique sur les temples.
- Le Musée archéologique régional d’Agrigente (Museo Archeologico Regionale) : Il contient des objets découverts lors des fouilles dans la Vallée des Temples et des sites voisins, offrant une meilleure compréhension du contexte historique et culturel de la région.
- Scala dei Turchi : À environ 20 minutes en voiture d’Agrigente, cette falaise blanche impressionnante surplombe la mer Méditerranée. C’est un site naturel spectaculaire où l’on peut admirer le contraste entre les falaises blanches et la mer bleue.
- Le temple de Sélinonte : À environ une heure de route d’Agrigente, cet autre site archéologique comprend de magnifiques temples antiques, tout comme la Vallée des Temples, mais avec moins de touristes.
- La plage de San Leone : Si vous cherchez à vous détendre après une journée de visites, la plage de San Leone, située à proximité d’Agrigente, est un excellent choix avec ses eaux claires et son ambiance agréable.
- Le village de Cianciana : À environ 40 minutes en voiture d’Agrigente, ce village typique sicilien offre une atmosphère tranquille et des paysages pittoresques.
- Le parc archéologique de Sélinonte et le musée de la ville antique : Ce site est l’un des plus importants de la Sicile ancienne, avec des vestiges de temples, des fortifications et des bâtiments publics.
Ces sites offrent une belle combinaison d’histoire, de nature et de culture à explorer autour de la Vallée des Temples.
