Présentation de l’Abbaye de Montmajour

L’abbaye de Montmajour est située aux portes d’Arles, sur un îlot rocheux, elle émergeait autrefois des marais,

Cependant si comme nous, vous choisissez de faire la visite en plein mois d’aout, vous serez surtout accompagné par le bruit des cigales, et vous devrez fermer les yeux pour imaginer cet ancien marais qui fut asséché en 1642 ;).

Des moines Bénédictins ont ainsi décidé de s’y installer au X ème siècle et ils y ont édifiés la chapelle saint Pierre puis une église abbatiale au milieu du XI éme siècle.

La relique de la vraie croix conservée dans sa crypte attirait une foule de pèlerins, c’est ce qui a incité les moines à ériger un nouveau bâtiment : « la chapelle reliquaire sainte croix » à l’extérieur de la clôture (enceinte d’un monastère interdite aux laïcs, ou les religieux vivent cloîtrés conformément à la règle.) au XII éme siècle.

A la fin du XIII éme siècle, l’abbaye étend son pouvoir spirituel de la vallée de l’Isère à la méditerranée par l’intermédiaire de 56 prieurés.

L’abbaye est fortifiée pendant la guerre de cent ans.

La réforme menée par la congrégation de St Maur au XVIII éme siècle entraîne un nouvel essor et la construction d’un nouveau monastère.

L’abbaye devient propriété de l’état en 1945. Elle accueille désormais des expositions (celle qui a lieu actuellement a pour thème « la nouvelle vague au cinéma »). Elle participe également chaque été aux rencontres de la photographie d’Arles.

Que peut-on voir à l’abbaye de Montmajour ?

A – L’abbatiale Notre Dame :

1 – La Crypte : Elle possède une double fonction, en effet elle est à la fois la fondation de l’abbatiale et c’est aussi une église basse. Elle est adaptée à la configuration du terrain qui est en déclivité et elle a pour originalité d’être en partie troglodyte sur sa face sud.

Du côté nord, les arcs doubleaux renforcent la voûte en berceau, selon le mode de construction de l’antiquité romaine (dans les amphithéâtres notamment).

La robustesse de la crypte permet de supporter le poids de l’abbatiale. Si vous observez les pierres taillées vous pourrez apercevoir des marques de tâcherons. Le transept et le déambulatoire desservent 7 chapelles rayonnantes qui étaient toutes utilisées pour la liturgie car les moines de Montmajour y servaient aussi des offices privés.

2- Les tombes rupestres : Celle-ci nous rappelle la vocation funéraire du Mont Majour, les plus anciennes de ces tombes offraient un emplacement pour la tête et les pieds.

3-L’hermitage de saint Pierre : Il s’agit d’une chapelle Semi troglodyte pré-romane. C’est l’ensemble architecturale le plus ancien de l’abbaye. Son accès est indiqué par la présentation de St Pierre (il est incrusté dans le rempart)

4-La tout Pons de l’Orme : Elle a été érigée en 1369 et elle est le témoin de la mise en place d’une défense dans le cadre de la guerre de cent ans. A son sommet, on se rend compte de la vue panoramique qu’elle offre et on comprend mieux sa position stratégique aux portes d’Arles.

5- La chapelle Sainte Croix : Elle est visible à l’est de la clôture. Elle fut construite à la fin du XIIème siècle pour accueillir le pèlerinage appelé « pardon de Montmajour ». Il se déroulait le jour de la fête de l’invention de la sainte Croix, le 3 mai. Un cimetière de laïc s’est développé autour.

6- La porterie : Elle était autrefois l’entrée principale de l’abbaye. Vincent Van Gogh a dessiné cette partie du site ainsi que la nature environnante à plusieurs reprises lors de son séjour à Arles en 1888 -1889. Il sont actuellement visibles au Van Gogh Museum d’Amsterdam.

B – Le monastère Saint Maur

Il a été construit par l’architecte Pierre II Mignard de 1703 à 1719. Suite aux ravages d’un incendie, une deuxième série de travaux fut confiée à Jean Baptiste Franque de 1726 à 1728.Les deux dernières campagnes de construction ayant eu lieu de 1747 à 1776 ont donné à cet édifice sa forme définitive. Elle possède ainsi 16 travées en façade .Elle se verra  dépouillée de sa toiture ainsi que de sa charpente au moment de la révolution. D’autre part le monastère servira également de carrière de pierre à cette même période.

-La nef : Elle est datée du XII éme siècle, elle témoigne de l’architecture romane provençale à son apogée (simplicité du plan en croix latine, nef unique voutée en berceau, grande hauteur). Les fenêtres du chœur assurent l’éclairage intérieur.

Qui constitue la congrégation de Saint-Maur ? Elle est née en 1618 dans la grande abbaye parisienne de Saint Germain des Prés, il s’agit d’un mouvement de réforme qui s’étend alors sur les grandes abbayes bénédictines de France. Saint Maur était l’un des compagnons de Saint Benoit, le rédacteur de la règle bénédictine. Cette règle était suivie dans la plupart des abbayes occidentales mais fut quelque peu relâché à la fin des guerres de religion. La congrégation de Saint-Maur qui fut particulièrement intense au XVIIème siecle rétablis l’observance stricte de la règle.

Que promeut la règle ?

Les travaux intellectuels des moines, cela leur permet de relancer leurs réflexion spirituelle et d’initier des travaux de recherche scientifiques (il y a ainsi 2436 titres répertoriés à la bibliothèque de Montmajour). Parmi leurs lectures, les moines ont notamment accès aux écrits de Molière, Crébillon, Fontenelle, Cervantès, mais également à l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

Quelle est la mission secondaire des moines Mauristes ? Organisés en réseau, les mauristes mènent une campagne systématique de reconstruction des bâtiments monastiques. A Montmajour l’objectif principal est de faire en sorte de distinguer ce haut-lieu de la nouvelle congrégation dans le sud-est du royaume.

Rôle de l’animal et présentation de la Tarasque :

Les sculpteurs du XII éme siècle ont representé, selon une symbolique complexe, un monde animal en lien avec l’édification des moines et l’éloge du créateur.

La distinction entre animaux exotiques et mythiques n’existe pas dans une société ou les hommes se déplacent peu. On peut ainsi y voir des compositions hybrides et des monstres anthropophages tel que la Tarasque. La tarasque est un monstre mi-dragon et mi-lion qui avait pour habitude de dévorer les imprudents souhaitant traverser le marais du Rhône. Vous pourrez le croiser dans le cloitre, il est représenté avec une victime dans la gueule.  

C- Le Cloître et les bâtiments conventuels :

La galerie ouest du cloitre comporte d’importants graffitis marins du XII éme siécle :

-des ex-voto (objets ou formules que l’on place dans une église ou chapelle en remerciement d’un vœu ou d’une grâce obtenu).

-le témoignage Evènements marquants comme un départ en croisade.La galerie Sud : elle est destructure romane, elle montre des sculptures représentatives de l’iconographie gothique de la fin du XIV éme siècle.